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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/60

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Histoire

Vous ne prendrez donc pas le tems d’y penser, interrompit-il avec une nouvelle chaleur ? Vous êtes absolument déterminé.

Si vous saviez, lui répondis-je, ce qu’il m’en coûte à vous dire que je le suis, vous me trouveriez digne de votre pitié.

Il demeura quelque temps comme incertain. Eh bien, Monsieur, reprit-il assez brusquement, j’en suis très-fâché. Passons chez mon Frere Jeronimo. Il a toujours été votre Avocat depuis qu’il a fait connoissance avec vous. Jeronimo est capable de reconnoissance. Mais vous, Chevalier, vous ne l’êtes point d’une sincere affection. Ma seule réponse fut que, graces au Ciel, il ne rendoit point justice à mes sentimens.

Je me laissai conduire à l’appartement de son Frere. Là, que n’eus-je point à souffrir de l’amitié de l’un & des instances de l’autre ! Enfin le Prélat me demanda d’un ton plus froid, si je souhaitois qu’il me conduisît à son Pere, à sa Mere, à sa Sœur, ou si je voulois partir sans les voir ? C’étoit mon dernier mot qu’on attendoit. Je fis une profonde révérence aux deux Freres. Je me recommandai à leur amitié, & par eux aux respectables personnes qu’ils avoient nommées, & je retournai à mon logement, le cœur si serré, que je fus incapable de sortir pendant le reste du jour. Le même fauteuil où je m’étois jeté en arrivant, me retint deux heures entieres.

Vers le soir, Camille, déguisée sous une