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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/67

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du Chev. Grandisson.

Mais votre Pere en a-t-il la même opinion ? Voulez-vous, Chevalier, que nous le choisissions pour arbitre ? Non, vous ne le voudrez point. Vous êtes aussi déterminé que nous, quoiqu’assurément avec moins de raison.

Quelle sera donc notre ressource ! Laisserons-nous périr Clémentine ? Quoi ? ce galant-homme, qui n’a pas fait difficulté d’exposer si généreusement sa vie pour le Frere, n’entreprendra-t-il rien pour sauver la Sœur ? Venez, cruel Ami, & voyez sa situation. Cependant on ne vous permettra pas de la voir dans ce triste état. L’impression de votre refus, dont elle se croit avilie, & les reproches perpétuels d’un zélé Directeur… Comment ce personnage a-t-il pu se faire un devoir, de déchirer une Ame aussi sensible à la pitié qu’à l’honneur ! Vous voyez qu’enfin j’ai trouvé quelqu’un à blâmer. Mais je viens au motif qui me porte à vous importuner par une Lettre. C’est pour vous demander en grace de me venir voir. Faites-moi l’honneur, Chevalier, de venir passer ce matin quelques momens avec moi. Peut-être ne verrez-vous que moi. Camille m’a dit, & n’a dit qu’à moi, qu’elle vous avoit vu hier au soir. Elle m’a fait la peinture de vos peines. Je renoncerois à votre amitié, si vous en ressentiez moins. Je vous plains du fond du cœur, parce que je connois depuis long-tems, avec quelle fermeté vous êtes attaché à vos principes, &