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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/72

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Histoire

crois qu’elle me suit. Je l’ai laissée avec ma jeune Maîtresse, & dans un grand embarras pour la faire consentir à la saignée qu’elle craint beaucoup. M. le Marquis & M. l’évêque sont sortis ; ils n’ont pu soutenir les tendres instances qu’elle leur faisoit, pour obtenir que le Chirurgien fût renvoyé.

La Marquise entra presqu’aussi-tôt. L’inquiétude & la douleur étoient peintes sur son visage, quoiqu’avec un mélange de tendresse & d’abattement. Demeurez, me dit-elle, ne vous levez point, Chevalier. Elle se jetta dans un fauteuil. Elle soupira, elle pleura ; mais elle auroit souhaité de pouvoir cacher ses larmes. Si j’avois été moins touché qu’elle, je me serois efforcé de la consoler. Mais que pouvois-je dire ? Je tournai la tête. J’aurois voulu pouvoir cacher aussi mon émotion. Mon ami s’en apperçut. Pauvre Chevalier ! dit-il d’un ton de pitié. Je ne doute point de ses peines, répondit la Marquise du même air de bonté, quoique son Fils eût parlé fort bas : le Chevalier peut être opiniâtre, mais je ne le crois pas capable d’ingratitude. Excellente Femme ! Que je fus touché de sa générosité ! C’étoit prendre le vrai chemin de mon cœur. Vous me connoissez, mon cher Docteur Barlet, & vous vous représentez mes tourmens.

Jeronimo s’informa de la santé de sa Sœur. Je craignois de faire cette question.