Aller au contenu

Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/80

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
70
Histoire

Qui promet, interrompis-je, qui jure, souvenez-vous-en, Monsieur, de la laisser libre dans sa Religion. Si vous craignez tant de difficulté à répondre, avec cette stipulation en sa faveur, que pensera-t-on de moi, qui sans être homme public, ne suis pas d’un rang obscur dans ma Patrie, si, contre mes lumieres & ma conscience, j’abandonne ma Religion & mon Pays par un motif de la premiere considération, sans doute, dans la vie privée, mais qui ne tire néanmoins sa force que de l’amour propre & de l’intérêt personnel ?

C’est assez, Monsieur, c’est assez. Si vous méprisez les grandeurs, si vous comptez pour rien les richesses, les honneurs, l’amour, on pourra dire, à la gloire de ma Sœur, qu’elle est la premiere femme, de ma connoissance du moins, qui ait pris de l’amour pour un Philosophe ; & je suis d’avis qu’elle doit porter les conséquences de cette singularité. Son exemple ne sera pas fort contagieux. Il le sera, dit flatteusement Jeronimo, si M. Grandisson est le Philosophe. Je fus mortifié de voir finir, avec cet air de légéreté, une affaire qui m’avoit pénétré le cœur. Mais Jeronimo saisissant l’occasion de badiner, ajouta d’autres plaisanteries pour dissiper ce qui pouvoit nous rester d’altération, & je laissai les deux Freres. En passant par le Sallon, j’eus le plaisir d’apprendre de Camille que sa Maîtresse étoit moins agitée depuis sa saignée.