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Page:Richepin - Mes paradis, 1894, 2e mille.djvu/248

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MES PARADIS


X


Il en est où l’on fut ensemble et le César
Masqué de vermillon, lauré, seul sur un char,
Et le conquistador trouvant son Amérique,
Et le prince tyran d’un univers féerique
Ayant pour loi suprême un son de votre cor,
Où l’on fut tout cela, certes, et plus encor ;
Car ce que l’on y fut, c’est Dieu, tel qu’on le rêve,
L’Être absolu, parfait, l’Être à qui semble brève
L’éternité, pour qui, rien, hors lui, n’existant,
Tout le possible emplit l’infini de l’instant.
Oui, cet Être, on le fut, oui, lui. Qu’il me démente,
Celui-là qui se fond dans une aimée aimante
Et qui voit, à l’éclair né de leur couple uni,
Toute l’éternité baiser tout l’infini.