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Page:Richepin - Mes paradis, 1894, 2e mille.djvu/249

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LES ÎLES D’OR


XI


Ô mots, dont j’ai loué si souvent le pouvoir
Magique de tout rendre et de tout faire voir,
Ô diamants, rubis, saphirs, perles, opales,
Émeraudes, émaux, mots, que vous êtes pâles !
Ou plutôt, quoique ayant rang de bon joaillier
Qui connaît vos secrets et sait vous travailler,
À me servir de vous combien je reste gauche !
J’ai craint, parlant Amour, qu’on ne comprît Débauche ;
Et l’île d’or la plus rouge de l’archipel,
La plus en or, j’ai, pour la peindre, fait appel
À ceux de vous qui sont les plus froids, de l’eau claire,
De l’eau terne, de la philosophie en glaire,
Quand il fallait du sang vivant, du sang vermeil,
De l’élixir de flamme et du jus de soleil !