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Page:Richomme - Contes chinois, précédés d'une Esquisse pittoresque de la Chine, 1844.pdf/115

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écossais. « Me conseilleriez-vous, dit-il, de faire paraître un livre dont le titre serait Iu kiao li, et dont les deux héroïnes s’appelleraient Houng iu et Lou meng li ? Je craindrais que de pareils noms n’effrayassent d’abord les lecteurs des récits du maître d’école de Ganderclengs, Jédédiah Cleishbotham, et du capitaine Cuthbert Cluterbuck de Kennaquhair. » Ces préjugés ridicules contre la littérature chinoise disparaissent de jour en jour, et en vérité nous ne pourrons qu’y gagner.

Le théâtre de ce peuple est peu connu ; on sait seulement que les représentations dramatiques existent chez les Chinois depuis un temps immémorial. Ils n’ont jamais eu, ce semble, de théâtre public. Des troupes de comédiens, composées souvent d’enfanfs de douze à quinze ans, parcourent les provinces et vont jouer dans les maisons des grands seigneurs. Ces divertissements ont lieu pendant et après les repas. Le directeur présente à l’amphitryon une liste de pièces, parmi lesquelles on en choisit, une ; les acteurs la jouent aussitôt, et au milieu de la représentation ils font une quête parmi les convives. À l’exception des farces, les pièces sont en général historiques, mais elles n’ont point de régularité, ni d’intérêt, s’il faut s’en rapporter au témoignage de quelques voyageurs. Ce qu’il y a de plus curieux dans ces divertissements, ce sont les pantomimes, les exercices des danseurs, des équilibristes, des faiseurs de tours d’adresse, des montreurs d’animaux savants, qui sont beaucoup plus habiles que les nôtres. Quelques empereurs ont eu dans leurs palais jusqu’à dix mille femmes qui paraissaient dans des représentations théâtrales ; mais il ne paraît pas qu’en Chine le goût des spectacles ait jamais été poussé aussi loin qu’au Japon.

Pendant les entre-actes et même au milieu de la pièce, les comédiens exécutent des chants et des symphonies. La musique a toujours été en grand honneur dans le Céleste Empire, et elle a été cultivée dès l’origine de cette nation, puisqu’une intendance de la