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Page:Richomme - Contes chinois, précédés d'une Esquisse pittoresque de la Chine, 1844.pdf/172

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vait que l’Empereur se vantait, non sans raison, de ses connaissances musicales ; il avait composé un grand nombre d’hymnes qui étaient, chantés dans les cérémonies publiques et religieuses.

Le ressentiment du prince semblait s’augmenter avec le nombre des accusateurs de l’infortuné Koueï. Yu et ses collègues, à l’exception du grand-juge et du ministre de la censure publique, défendirent seuls le surintendant de la musique impériale. Le vieil Empereur les repoussa avec dédain. Les adversaires de Koueï triomphaient, et chacun d’eux s’attribuait déjà les dépouilles de l’ennemi vaincu. Le premier ministre, ami intime du surintendant, et qui jouait son rôle avec d’autant plus d’assurance qu’il connaissait d’avance le dénoûment de ce drame, ayant insisté de nouveau en faveur de son collègue, Chun lui répondit d’un ton de colère :

— J’ai voulu que vous fussiez premier ministre de l’Empire ; en cette qualité vous devez m’écouter et m’obéir sur-le-champ.

Puis s’adressant au ministre de la justice :

— Kao-yao, je vous ai nommé grand-juge ; c’est à vous de punir les crimes et les mauvaises actions. Que le surintendant Koueï soit, arrêté par vos officiers, et qu’il soit jugé d’après les lois du royaume. Allez et obéissez.

Kao-yao, qui désirait la place de surintendant pour son fils, s’empressa de sortir, et les autres courtisans le suivirent, les uns glorieux de la chute de Koueï et perdus dans leurs rêves d’ambition, les autres aussi étonnés qu’affligés de la disgrâce de leur ami, et résolus à tout entreprendre pour dessiller les yeux de l’Empereur. Au moment où la cour se retirait, le mandarin Fang-tsi, chef du tribunal des affaires célestes, vieillard à barbe blanche, vénéré dans toute la Chine pour ses vertus, se jeta aux pieds de Chun :

— Grâce ! divin empereur, s’écria-t-il, grâce ! sinon pour lui, et