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Page:Richomme - Contes chinois, précédés d'une Esquisse pittoresque de la Chine, 1844.pdf/194

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« Les sept articles sous lesquels sont compris les principaux devoirs des personnes du sexe. » Les Chinois possèdent plusieurs traités de ce genre ; mais celui-ci est fort remarquable. Les deux passages suivants m’ont frappé : « Ne vous relâchez jamais sur la pratique des deux vertus que je regarde comme le fondement de toutes les autres, et qui doivent être votre plus brillante parure. Ces deux vertus principales sont : un respect sans bornes pour celui dont vous portez le nom, et une attention continuelle sur vous-même. — Une femme ne doit pas vouloir paraître bel esprit. Si elle est assez instruite dans les lettres pour en parler pertinemment, elle ne doit point faire parade de son érudition. En général, on n’aime pas qu’une femme cite à tout moment l’histoire, les livres sacrés, les poëtes, les ouvrages de littérature ; mais on sera pénétré d’estime pour elle si, sachant qu’elle est savante, on ne lui entend jamais tenir que des propos ordinaires, si on ne l’entend parler de sciences ou de littérature qu’en très-peu de mots et par pure condescendance pour ceux qui l’en prieraient. » Voilà ce qu’écrivait la veuve d’un mandarin, à l’extrémité de l’Asie, il y a près de deux mille ans !

Pour peu que vous ayez eu sous les yeux quelques porcelaines chinoises, et cela n’est pas rare en Europe, vous pouvez vous représenter facilement les femmes du Céleste Empire. Celles qui passent pour jolies ont la taille au-dessous de la moyenne, les yeux petits, les oreilles larges, les cheveux noirs, le nez court et les pieds aussi rétrécis que possible. Pour obtenir ce dernier genre de beauté, dès qu’une fille de bonne maison vient au monde, on s’empresse de lui garrotter les pieds, et peut-être même emploie-t-on une eau corrosive. Il en résulte que ces pauvres créatures ne marchent qu’avec peine, et sont obligées le plus souvent de s’appuyer sur une béquille. Quelques écrivains donnent à cette coutume un but assez ridicule ; c’est pour habituer, disent-ils, les femmes à rester chez elles. D’autres l’attribuent à une impératrice, nommée