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Ta-kia, qui, ayant les pieds d’une petitesse excessive, s’imagina de les serrer avec des bandes pour les rendre encore plus petits, cherchant ainsi à tourner en agrément ce qui était une difformité réelle. Les Chinoises se lardent le visage, se peignent les sourcils et les lèvres. Leur coiffure ordinaire, adoptée, du reste, en France, consiste à relever les cheveux au sommet de la tête et à en taire plusieurs boucles, où elles entrelacent des fleurs d’or et d’argent. Les jeunes personnes portent le plus souvent une espèce de couronne en carton, garnie d’une bande de soie, et parfois enrichie de perles. Les femmes âgées ont pour toute coiffure une large bande de soie, dont elles s’entourent la tête en forme de turban. L’habillement des Chinoises est fort gracieux. Il consiste en une robe fort longue et à larges manches, ouverte par en bas : au-dessous est une espèce de tunique aussi longue, mais dont les manches sont étroites : joignez-y de larges pantalons de soie, des bas courts de même étoile et des brodequins plus ou moins riches, et vous aurez la description de la toilette d’une Chinoise de haut rang.

Mais je vois que je me suis laissé entraîner dans une longue digression. Je reviens à ma visite chez le mandarin, qui m’a reçu avec une politesse exquise. C’est, un homme d’une quarantaine d’années, d’une vaste corpulence et le teint fleuri, signes caractéristiques de la beauté chez les Chinois. Il portait une robe magnifique de soie, et sur sa poitrine était brodé un phénix ; à son chapeau était une pierre bleu clair qui indiquait son rang, c’est-à-dire la troisième classe de mandarins. Après mille compliments réciproques, dont je ne me tirai pas trop mal, mon hôte me présenta à plusieurs de ses parents, qui m’accablèrent également de politesses, puis il m’introduisit avec cérémonie dans la salle à manger, éclairée par d’immenses lanternes de couleurs, qui représentaient une foule de figures. Ici, comme ailleurs, mon cher ami, les grands dîners sont une véritable corvée, Je ne parle pas du désagrément