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Page:Rodenbach - La Belgique, 1880.djvu/23

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Geefs et Fraikin taillaient leurs marbres éclatants
Où souriait l’Amour dans sa grâce plastique ;
Nos grands musiciens Fétis, Gevaert, Vieuxtemps,
Par la plume ou l’archet honoraient la musique.

Des poètes aussi chantaient comme un écho :
Van Hasselt préludait sur sa lyre avec grâce
D’une main réchauffée à la main de Hugo,
Et Mathieu ciselait des odes comme Horace.

Ledeganck gémissait sur les « trois villes sœurs » ;
Conscience avait fait des Flandres son domaine,
Et nos historiens, nos savants, nos penseurs,
Fécondaient tous les champs de la pensée humaine.

Ô la contrée heureuse et le charmant pays !
Grand par le cœur, malgré ses étroites frontières,
Où le peuple est docile et les chefs obéis,
Et qui pour s’attrister n’a que ses cimetières.

Quel entrain ! Quels transports ! lorsque ce peuple vient
Fleurir et pavoiser la plus humble masure,
Et prouver par ses fiers élans qu’il se souvient
Et qu’à celui qui donne il rend avec usure.