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Page:Rodenbach - La Mer élégante, 1881.djvu/45

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Moi je rêve sur la jetée
À voir dans l’horizon lointain
Des voiles au vent du matin
Frémir sur la mer argentée.

La lune comme un arc bandé
Se recourbe dans les nuées,
Et les vagues exténuées
Meurent sur le sable ridé.

Les villas ouvrent leurs persiennes
Et montrent leurs salons coquets
Où chantent parmi des bouquets
D’invisibles musiciennes.

Voici que tout s’anime et rit,
Et les oisifs ont sur le sable
Une joie indéfinissable
À laisser dormir leur esprit,

Et dans une place choisie,
— Comme au soleil font les lézards —
À s’abandonner aux hasards
Du rêve et de la fantaisie !…