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Page:Rodenbach - La Mer élégante, 1881.djvu/46

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Tout près des flots sont les enfants ;
En vain leur mère les rappelle,
Ils font des forts à coups de pelle
Et poussent des cris triomphants,

Quand la mer docile et fidèle
Remplit d’eau leurs canaux étroits,
Et qu’ils plantent, comme des rois,
Des drapeaux sur leur citadelle,

Jusqu’à ce que le flot grincheux
Les repousse au pied de la digue
Comme un aïeul qui se fatigue
De leurs clameurs et de leurs jeux.

D’autres plus bruns que des Arabes,
Pieds nus, de l’eau jusqu’aux mollets,
Prennent dans leurs petits filets
Des crevettes et quelques crabes ;

D’autres ramassent, vagabonds,
Des coquillages à charnières
Qu’on prendrait pour des bonbonnières
Fleurant l’aigreur d’anciens bonbons.