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Page:Rodenbach - La Mer élégante, 1881.djvu/47

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Et tandis qu’à la mer montante
Fuit l’avant-garde des blondins
L’armée heureuse des mondains
Bivaque au seuil de chaque tente.

Voilà les journaux du matin !
On lit, on crochette, on tricote ;
Un gommeux suit une cocotte
Qui lui sourit d’un air mutin.

Des fleurs ! des fleurs ! qui veut des roses ?
Et l’amoureux timide et cher
Offre un bouquet payé très cher
Qu’on prend avec de fins doigts roses.

Là-bas les joueurs de croquet
Poussent de grands cris de victoire :
Hourra ! Hourra ! Hourra ! la noire
Revient la première au piquet.

Et tant que la marée est basse
Sous les arceaux, par petits bonds,
Comme des barques sous des ponts,
Chaque boule à son tour repasse.