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Page:Rodenbach - Le Mirage, 1901.djvu/15

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comme il n’y en a plus beaucoup aujourd’hui !

BARBE.

Figurez-vous que tous les jours il passe un long temps ici, comme à l’église. On dirait vraiment qu’il prie une madone… Et il y a cinq ans que sa douleur dure…

SŒUR ROSALIE.

Le pauvre monsieur !

BARBE.

C’est qu’elle était belle, sa femme !… Il a réuni, ici, tous les portraits qu’il y avait d’elle. (Elle prend une des photographies éparses sur les meubles et la montre à sœur Rosalie.) La voici enfant. Quels grands yeux ! Et ses beaux cheveux blonds !… (Prenant un autre portrait.) Puis jeune fille ! C’est toujours la même figure. Et aussi les mêmes cheveux… Ceux qu’elle avait encore en mourant. Les cheveux qui sont là… (Elle montre un coffret de cristal où repose une natte blonde.) Ceci est son plus cher souvenir. Il m’a défendu d’y jamais toucher.