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Page:Rodenbach - Le Mirage, 1901.djvu/35

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comme vous, le veuf d’un grand rêve, le veuf de la Gloire, qui est une morte pour moi…

HUGHES.

Il faut se leurrer…

JORIS.

Vous, c’est vrai, vous vous leurrez facilement… Votre imagination va, colore tout. Car, enfin, comment vous donner l’illusion de votre morte avec cette étrangère !… C’est une danseuse, par conséquent ?…

HUGHES.

Il ne s’agit pas d’elle. Je vois l’autre. J’entends l’autre. Je revis l’autrefois. Les années n’ont pas coulé, rien n’a été… Vous n’imaginez pas cette ivresse de supprimer la mort, de vaincre le néant. C’est l’ivresse du mirage… Il n’y a rien, au bord de l’horizon… qu’importe ! ce qu’on croit y voir est, comme s’il était… Une danseuse ! qu’est-ce que cela fait, si elle me rend Geneviève ? Ah ! le