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Page:Rodrigues - Midraschim et fabliaux.djvu/92

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Et la forme, l’abondance, la couleur et les ondulations de sa chevelure l’éblouirent tellement qu’il en conçut un sentiment de vanité.

Et cette vanité s’emparant de son cœur corrompait déjà ses sentiments les plus naturels, lorsqu’il s’aperçut qu’il commettait le péché de l’orgueil.

Le repentir le saisit alors, puis un combat s’établit dans le fond de son âme entre le péché et le repentir du péché.

L’âme du berger était noble, et le repentir finit par triompher du péché ; — mais ensuite le berger s’adressa les plus vifs reproches et ne put se pardonner à lui-même.

Alors, afin d’acquérir sa tranquillité intérieure, le berger fut trouver Rabbi Siméon.

Et il lui raconta tout, — et il lui demanda conseil.

— Essaye du naziréat, mon fils, lut répondit le Rabbi après l’avoir écouté attentivement, — essaye du naziréat.

Et le berger s’empressa de se purifier et d’offrir en sacrifice les deux plus belles colombes qu’il put se procurer.

Puis il se fit raser la tète, — et non seulement la tête, mais le corps tout entier.

Et il passa sept jours en jeûnes et en prières dans l’intérieur du temple.

Et après avoir accompli scrupuleusement ce naziréat, il se rendit chez le Rabbi, — et il lui demanda s’il pouvait en effet se considérer comme dégagé du péché qu’il avait commis.

— Plût à Dieu, mon fils, lui répondit le Rabbi, plût à Dieu que tous les nazirs fussent animés d’un zèle aussi sincère que le tien !

La plupart se figurent qu’au moyen d’une dévotion exagérée, ils peuvent acquérir l’impunité des péchés qu’ils commettent.

Et alors le naziréat vient en aide ou démon.

Car ceux-là se précipitent d’autant plus dans le mal, qu’ils se disent : Commettons d’abord le péché qui nous tente, — puis nous effacerons le péché au moyen du naziréat et nous recommencerons après.

Le naziréat, mon fils, n’est qu’une expression publique du sentiment d’humilité et de repentir d’un péché commis.

Mais qu’est-ce que l’expression d’un sentiment qui n’existe pas, si ce n’est un nouveau péché ?

Tu n’es pas de ceux qui espèrent ainsi tromper Dieu par des pra-