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BEETHOVEN

flous ces premières assises de la vulgarité, l’artiste est assez vigoureux pour creuser jusqu’aux grandes lois de la vie générale et aux rythmes essentiels de l’esprit, il se trouve que le chef-d’œuvre du génie individuel devient, sans l’avoir cherché, l’expression naturelle de toute l’humanité. Et je dis que cet accord est la plus haute harmonie que la création puisse réaliser. Beethoven l’a accomplie, dans la Symphonie Héroïque. Il a su, comme ce Gluck, dont il admirait l’œuvre[1], — mais avec le flot torrentiel d’une inépuisable inspiration, dont Gluck était dépourvu, — bâtir pour sa propre joie et offrir au nouveau siècle, à cct âge qui inaugure, à coups de Révolutions et de batailles impériales, le règne des multitudes, ——les premiers modèles, inégalés, d’un style monumental, à la mesure du nombre » du souffle, et de la vision des milliers d’hommes assemblés. Il n’a point bouleversé les lignes de scs grands prédécesseurs, cette forme-Sonate, que venaient de parfaire amoureuse—

1. Et dont il interprétait, au piano, merveilleusement les partitions. — « Einzig, nous dit Czerny, war sein Vortrag der Uaenlelschen und Gluckschen Parlituren (et, ajoute-t-il) und der Seb. Bachschen Fugen, indern er in die ersteren eine Vollstimmigkeit und einen Geisl zu legen wusste, der diesen Werken eine neue Geslalt gab… »

En 1805, tandis que les Français étaient à Vienne, Beethoven reçut, dit encore Czerny, la visite de « plusieurs officiers et généraux, qui étaient musiciens » ; et il leur joua, sur la partition, Iphigénie en Tauride, dont ils chantèrent, pas trop mal (geir niclit übel) les chœurs et les soli. — Il est intéressant à noter qu’à la suite de cette audition, Czerny prit la partition d’orchestre et en fit t arrangement pour clavier, « wie ich es von ihm liôrle » ( « comme je l’avais entendu jouer par Beethoven &)• Cette réduction pour piano a donc, pour nous, un pr : x exceptionnel.

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