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LES GRANDES ÉPOQUES CRÉATRICES

ment Haydn et Mozart ; mais il en ajuste l’étoile à ses larges épaules, à l’ampleur de sa poitrine où bat le cœur d’un monde. Tels ces maîtres-constructeurs de la Rome impériale, alors qu’ils reprenaient, en les élargissant à des espaces multitudinaires, la coupole et la voûte en berceau qui servaient à couvrir, avant eux, des édicules. Déjà Reichaidt évoquait, en 1808, devant les quatuors beethoveniens, Michel-Ange élevant la coupole de Brunelleschi sur le Panthéon d’Agrippa. Mais au lieu que, dans le grandiose intellectualisme de Michel-Ange, maître d’œuvre, la ligne est sèche, froide et abstraite, la ligne de Beethoven est toujours gonflée et humide de sève, ainsi que les tiges printanières des beaux portails gothiques. Tout est chair, tout est sang. •— Et dès l’écluse rompue par les deux impérieux accords du début,

qui, selon une habitude fréquente chez Beethoven, ne semblent avoir été inscrits en tête de l’œuvre qu’après que l’œuvre était terminée, afin d’en affirmer la totale volonté, le Credo souverain, — à partir de ce : « Hoc volo,