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BEETHOVEN

sic jubeo », le fleuve se met en marche : rien ne l’arrêtera plus jusqu’à l’estuaire.


Et maintenant que nous avons tenté d’indiquer quelques-unes des voies cachées de l’esprit créateur, dans la construction de ce premier morceau, — laissez-nous en rêver, devant vous, notre interprétation ! Musiciens de métier, il vous plaît de faire fi de toutes les interprétations. Mais vos œuvres ne seraient point écoulées, si le tissu de leurs combinaisons rythmiques et sonores ne suggérait au cœur de qui les écoute un ordre d’émotions successives et liées. Et vous-mêmes (je dis ceux qui s’élèvent au-dessus de l’étiage du manœuvre), vous n’écrivez rien qui dure, si les forces de votre être tout entier, idées et émotions (serait-ce à votre insu !) n’y sont intéressées. Droit soit donc reconnu de rêver l’œuvre d’art, après (avant… qu’importe ?) l’avoir bien regardée toute nuef et palpée. Le rêve est divinateur, quelquefois ; et l’on voit mieux, les paupières fermées…

Débarrassons le chemin, d’abord, de l’explication anthropomorphique trop simpliste, qui fait état du titre, écrit, puis arraché par Beethoven : — Bonaparte ![1] —. Dans un esprit comme celui de Beethoven, tout rempli de soi

1. Sinfonia Grande, 1804, itn August. Geschrieben auj Bonaparte,

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