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BEETHOVEN

fait, chaque symphonie, chaque œuvre de Beethoven porte un nom, un seul : — Beethoven[1].


Le grand motif qui gouverne la symphonie :

est un être. Que nous importe qu’il soit homme ou idée, obscure voix de l’instinct, ou volonté claire ? Il est vivant et il agit. Qui peut douter de son existence ? Droit et simple, il va en avant ; il est marqué, dès les premiers pas, du sceau de sa destinée qui marche à son but, qui ne connaît rien d’autre. L’âme en qui cet ordre est entré, à la cinquième mesure[2], fléchit sous le poids. Mais ce poids même est son destin, est une partie de son essence ; elle l’accepte, en soupirant, et elle s’abandonne au courant. Les premiers obstacles brisés (mesures 25 à 27) lui révèlent son énergie ; elle épouse l’action qui lui est imposée. À ce : « Oui ! » éclatant (mesures 35 à 45), répondent, par réaction, les regrets du cœur tendre et lassé ;

1. Un petit nombre seulement (je les noterai au cours de mon récit), me paraissent teintées d’autres vies aimées, dont il a subi les effluves, un moment (tels, les trios Erdödy, op. 70). Mais il les disperse, d’un coup de vent.

2. Cinquième du thème, septième du morceau.

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