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BEETHOVEN

Les belles esquisses !… Mais ce sont des jouets. La main du génie s’en amuse et les laisse retomber. Dans ce milieu de 1800, que serait-il advenu des jouets et du joueur ? Qu’on écoute les molles mélodies, grasses et redondantes, des danses de Prométhée ! L’homme qui les écrivit eût pu être (qui sait ?) sans le fouet du malheur, celui qu’il abomina, vingt ans après : un Rossini, plus charnu, plus robuste, — plus Rubens !… (Et le monde d’aujourd’hui — qui sait ? — eût trouvé peut-être qu’il n’y aurait point perdu !)


Et maintenant, jouissons, nous les gagnants du jeu de la Destinée, qui se servit du malheur de Beethoven pour forger sa grandeur — jouissons de l’œuvre forgée : de ce prodigieux Scherzo, tourbillonnant et armé, de ce Finale, dédié à la Joie et à la Liberté, de cette fête, de ces danses et de ces marches exultantes, de ces ruisseaux du rire, des riches volutes de ces variations !… Et voici qu’au milieu, reparaît le Héros, le motif du début, le Destin de la vie, qui d’abord s’ignorait et qui maintenant atteint au but, à cette « Vollendung »[1], qui est la cible de Beethoven, et dont il parle souvent dans ses lettres… Mais reparaît aussi la Mort, qui est l’au delà de la ictoire. — Cette fois, la Victoire la nie. Et la voix de la mort se 1des danses de

  1. L’accomplissemeut parfait.