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LES GRANDES ÉPOQUES CRÉATRICES

beethoveniennes[1]. Des musiciens célèbres[2] ont vu en l’op. 31 n° 1 (en sol majeur) une sonate de Beethoven exceptionnellement dénuée d’intérêt. D’autres artistes excellents[3] y saiuent un des « glorreichen Augenblicke » [4] de la carrière de Beethoven et de l’histoire de la musique. Et tandis que les grands poèmes pour clavier de la première époque (Pathétique, Clair de Lune, op. 31 n° 2) apparaissent à l’aile gauche de la critique comme « des monuments historiques de la oie intérieure de Beethoven » [5] — l’aile droite définit tout l’œuvre de cette période par l’objectivité de l’art et l’exclusion de la vie intérieure[6].

Laissons les commentateurs ! Adressons-nous à Beethoven ! C’est, autant que possible, à lui et à ses amis les plus proches que je demande conseil. Lorsque nous aurons écouté ses indications, nous tâcherons de les expliquer, en lisant sa musique. Elle n’est jamais équivoque, ou obscure. C’est le moindre de ses défauts. Et l’on serait, en notre temps »

1. Introduction de Jean Escarra à l’ouvrage de Marliave : Les Quatuors de Beethoven.

2. Anton Rubinstein.

3. Auguste Halm : Beethoven, 1927.

4. Un des « glorieux moments ». — Il y a là une allusion plaisante à la cantate de Beethoven : Ber glorreiche Augenblick, op. 136, écrite en 1814, pour le Congrès de Vienne.

5. Frimmel.

6. Escarra, op. cit., p. IX : « Les traits caractéristiques de ces compositions qui vont jusqu’en 1817 sont les suivants i Pour le fond, l’œuvre est essentiellement extérieure et objective… La vie intime de Beethoven, sauf de rares exceptions, n’a pas encore directement inspiré sa musique ; l’artiste se tient en dehors. »

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