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BEETHOVEN

tiquoment originaux que dans ces accents inimitables, — que la moyenne des artistes ne remarquent souvent pas L Là est le plus immatériel de leur art (ou le moins matériel)» la vibration du moi. Si l’on veut atteindre à l’essence d’un génial artiste, il faut aller au delà de la forme abstraite et générale, au delà de ce qui lui est commun avec tous, ou avec beaucoup : il faut trouver ce qui n’est qu’à lui. Et les vrais amis d’un grand homme l’aiment pour ce qui n’est qu’à lui. Môme Clementi, dont la valeur originale est indéniable, aurait pu fournir à Beethoven tout le matériel de ses Sonates pour clavier, jamais Beethoven ne lui devrait un de ses élans, un frémissement de cette âme passionnée» torrentielle, impérieuse, religieuse, qui est sa propriété individuelle, et qui est devenue le trésor de l’humanité..-Der Trost und das Vergnügen » (« la consolation et la joie »), dit Moscheles de ces jeunes sonates beethoveniennes —■ marquant ainsi, lui, musicien de profession, homme du métier, le caractère psychique du bouleversement et du bienfait produits par cette musique. Et là était le principe de sa nouveauté1 2. On oublie trop, aujourd’hui, que le plus important en art, et même le nouveau, est ce quon dit de nouveau, et non pas comment on le dit. Mais le comment compte aussi. D’autant que chez le plus 1. Je renvoie à mon étude, signalée plus haut, sur Israël en Egypte, où je montre ce que deviennent les insignifiantes maquettes de Stiaùella, Erba, etc., sous le pouce de Hændel. 2. J’en noterais, à l’époque du jeune Beethoven, vingt témoignages analogues,