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BEETHOVEN

gence réfléchie, ki volonté de renoncement, la fière discrétion1 s qui caractérisent l’esprit créateur du jeune Beethoven... a Rien de « Sturm und Drang », point de bluff, aucune hâblerie ! ... Il ne cherche fumais l’effet extérieur. » Si l’effet est produit — (et avec quelle puissance !) — l’effet vient de l’intérieur meme de l’œuvre, « par la grâoe du puissant organisme musical quil créait. Dès ses premières Sonates, il a ordonné l’œuvre avec une précision telle, il l’a maîtrisée avec une telle énergie qu’à peine Mozart en a jamais manifesté de pareille, Haydn seulement dans ses meilleures œuvres. 1 2 » Ainsi se juxtaposent deux jugements sur l’œuvre de jeunesse de Beethoven, qui sont différents et complémentaires. Les musiciens de son temps étaient surtout subjugués par l’âme exprimée, par la nouveauté, par la violence et par le charme des émotions. La grande critique d’aujourd’hui, qui s’attache seulement aux formes, voit surtout en Beethoven le génie constructeur. Les deux points de vue sont justes. Et aucun des deux, isolé, n’est complet. Car ce sont véritablement en Beethoven deux courants parallèles, deux forces de sa nature, attelées, hennissantes, au char de la création, et qu’il lui faut apprendre, par des années d’impérieuse discipline, à dresser rudement, pour les faire marcher du même pas. Une double exigence : celle d’un moi effréné —- celle d’une inflexible volonté, édifiant une œuvre monumentale.

1. « Besonnenheil, Selbsldisziplin, Enlsagung, Bescheidenkeit.. » 2. «... Er h.at so pràzis geordnet, so energisch geherrscht, nie Mozart ^auin jemals, Haydn nur in seinen besten Werhen. ■