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BEETHOVEN

Et le seul expédient pour les faire accepter est de les « repré» senter », au sens scénique, d’en faire une « imitation » de théâtre 1. C’est pourquoi l’ordre des morceaux veille à ce que l’esprit goûte à tout, sans être subjugué par rien. Après le premier Allegro, dont le caractère esthétique est particulièrement marqué par la régularité d’opposition des motifs employés, leurs entrées à places fixes, et l’élégant formalisme de leur développement, — YAndante ofTre à la sensibilité distinguée un discret aliment, que saupoudre un grain du meilleur esprit ; — toute émotion intempestive voit, d’ailleurs, le chemin barré par le brillant Minuetlo ;

— et l’ingénuité apprêtée du Rondo, la grâce mécanique de ses répétitions attendues, vient rappeler à l’auditeur tenté de croire au sérieux de l’art, que tout est un jeu. Savant et non pédant, sensible mais non point dupe, butinant avec choix aux fleurs des émotions, ne s’arrêtant sur aucune, cet art exquis est à l’usage, à l’image des beaux papillons de salons

Ce noble jouet musical, vivifié par le génie de Mozart et de Haydn, cette Sonate mondaine, le jeune provincial de Bonn l’a reçu et l’emploie, pour ses débuts dans les salons de Vienne. Il veut les conquérir. Il se sert de leur langue pour imposer ses pensées. Mais il ne faut pas longtemps pour que le contenu change le contenant. Dès les toutes premières 1 21. Beethoven y aura recours, à ce qu’il me paraît, dans la Sonate Pathétique. (Voir plus loin.)

2. L’op. 27 n° 1 (la première des deux Sonates quasi una fantasia) en offre, sous une forme libre et nouvelle, un type parlait.