Page:Rolland - Beethoven, 1.djvu/160

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
131
LES GRANDES ÉPOQUES CRÉATRICES

l’esprit de qui écoute plie sous la main du maître. La tristesse qui parle est si pleine de sa force et des lois de son destin qu’elle ne paraît plus la confidence d’un seul, comme dans les sonates précédentes ; elle est le Chœur d’une tragédie antique. La douleur personnelle y devient le bien de tous. Et l’élégie d’un homme, par sa plénitude môme, se hausse à l’épopée d’une race ou d’un âge. Trois vastes parties : — Une fois posé sur le lent rythme épique le motif de la Douleur, les bras levés vers le ciel, un lamento mélodieux môle aux tendres accents, inspirés de Mozart, les violents contrastes beethoveniens, sa déclamation pathétique, ses soupirs d’Ajax, l’exaspération de sa souffrance brisée, qui s’achève en nobles pleurs de cortège funèbre :