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LES GRANDES ÉPOQUES CRÉATRICES

Le manque de suite organique, que manifeste, quoi qu’on dise, l’admirable sonate op. 10 n° 3 (ré majeur), tient à la variété des impressions de l’artiste, qui ne songe pas encore à les unifier dans l’œuvre. — Le fait est plus sensible dans le fameux op. 26 (sonate à variations), dont les commentateurs se sont évertués à trouver la clef de la succession des quatre morceaux, et surtout le sens du joyeux allegro qui suit la Marche junèbi’e 1. En réalité, Beethoven était parfaitement insouciant alors — (il ne le resta point) —de ces heurts d’impressions. On peut même dire qu’il cherchait délibérément cette variété. Ses notes montrent qu’il avait commencé par esquisser le dernier morceau, le gui 1. Wasielewski rappelle l’enterrement de Mignon, dans Wilhelm Meister : — « Kinder, kehret ins Lehen zurück... Enlflieht der Nachtl Tag und Lust und Dauer ist das Loos der Lcbendigen... » (« Enfants, retournez dans la vie ! Echappez à la nuit ! Le jour et le plaisir et la durée sont le lot des vivants ! e) — Nagel, plus prosaïquement, observe qu’après avoir conduit, aux sons d’une marche funèbre, le mort à sa dernière demeure, les musiques militaires reviennent allègrement du cimetière, en faisant résonner un pas redoublé !...