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BEETHOVEN

allegro, puis, qu’il prévoyait, après, un menuet et la sombre Marche en la bémol mineur x. Il avait donc en vue, dans ce temps, une œuvre d’impressions panachées, s’harmonisant seulement par le style et la couleur des tonalités. La même liberté s’étale dans la sonate quasi una fantasia, op. 27 n° 1, dont les esquisses sont entrelacées à celles de l’op. 26. Mais ici, elle trouve sa justification psychologique dans son caractère (à mon sens) objectif : — car j’y vois, à tort ou à raison, beaucoup moins l’expression directe de Beethoven que (consciemment ou non) de l’aimable personne à qui la sonate est dédiée 1 2 : la princesse Liechtens¬ 1. Le Notierungsbuch de 1S00 donne (p. 52-56) le thème du premier morceau, avec cette indication : — « Sonate pour M. — variée tutt a fatlo, poi Menueüo, o qualche altro pezzo characleristica corne p. E. una Marcia in as nioll e poi queslo. » Ce qui suit, dans le cahier d’esquisses, est un finale différent de celui que nous connaissons, et que Beethoven avait précédemment dessiné : (donc celui-ci ne devait pas, originairement, faire partie de la sonate) ; mais le finale indiqué était beaucoup plus superficiel encore. — Immédiatement après, se montre le trio de la Marche., puis le début de la Marcia (san3 désignation funèbre). — Plus loin (p. Î32-2) la Marche se trouve mélangée aux pirouettes de Promèthèe. Et (p. 137) son rythme, tapoté sur le piano, aboutit subitement au premier morceau de l’op. 27 n° 1.

2. J’entends se récrier les « formalistes », qui dénient à la musique le droit d’exprimer les émotions subjectives, — bien moins encore, des caractères objectifs. Mais qui connaît Mozart sait qu’il s’est livré parfois, ouvertement, à ces petits croquis d’âmes — (lui-même nous l’a dit) ; — et qui connaît bien Beethoven ne peut douter que certaines de ses œuvres ne soient, à son insu, ou non, teintées de telles de ses amitiés. J’aurai occasion d’en reparler, à propos des deux trios à la comtesseErdôdy (op. 70), où, dans l’âme de Beethoven, se glisse, par