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LES GRANDES ÉPOQUES CRÉATRICES

Tout cela, qu’en 1802 il est peut-être seul à reconnaître, il le dit au plus modeste de ses amis, au plus sûr : il lui faut se réformer. Il cherche une autre route. Mais il ne découvrira pas la bonne, du premier coup. Et bien qu’il marche toujours, il lui arrivera encore, pendant une ou deux années, de perdre la piste, dans le fourré ; il aura, par moments, l’illusion décevante de retrouver le vieil homme, avec ses mêmes défauts et sa même confusion. ..

« E pur si muove !... » Combien il a avancé ! es sonates op. 31 nos 1 et 2 (sol majeur et ré mineur 1) vont nous en témoigner.

A première vue, elles semblent bien différentes l’une de l’autre, à peine du même âge, à peine du même homme. Qui dirait qu’elles figurent sur le même Livre d !Esquisses, à cinquante pages de distance, et que c’est la venu à masquer, qu’à demi, l’instinct de sa nature aimantée vers les nombres carrés. — Je reviendrai sur cette question, dans le dernier volume de ces Essais, où je compte consacrer un chapitre au Mécanisme de la Création intérieure chez Beethoven. 1. Nous mettons ensemble les op. 31 nos 1 et 2, parce qu’ils parurent en même temps, au début de 1803, et que leurs esquisses se trouvent dans le même Cahier, d’octobre 1801 à mai 1802. — L’op. 31 n° 3 (mi bémol majeur) ne parut qu’en 1801, et fut ajouté aux autres en 1805,