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BEETHOVEN

sonates de passion, qui sont, comme le Clair de Lune, de véritables Confessions autobiographiques : — (quand il les relit, après, ce doit lui être un fer rouge, comme pour Goethe, V> erther ; il a honte et colère de s’être ainsi livré !...) Dans l’ensemble, un tourbillon de poussière, que soulève le vent. Nous ne pensons, nous, qu’à la puissance du vent. Lui ne pense qu’à la poussière, — à cette confusion. Et cet homme sincère, que nul autre ne jugea avec une perspicacité égale à la sienne, sans égards, sans pitié, est blessé par certains traits défectueux de sa nature et de son art : — cette pente à la rhétorique, où il se laisse trop souvent entraîner, malgré son culte ardent de l’absolue vérité, — ce risque de l’attendrissement et de l’épanchement romanesque, qu’il juge indignes d’un homme, mais qui, dans ce monde de jeunes femmes, de « petites amies » dont il est entouré, pourraient devenir un danger ; — cette gaucherie provinciale, cette raideur aux jointures, cette insistance raisonneuse, qui veut trop avoir raison, cette symétrie un peu lourde, aux membres trop carrés, contre lesquelles son art, jusqu’à la fin, eut à lutter l. 1. Paul Mies, dans son excellente Etude sur les Esquisses de Beethoven (Die Bedeutung der Skizzen Beethovens zur Erkennlnis seines Sliles, 1925,1, montre très bien la tendance instinctive de Beethoven aux proportions carrées, à une régularité un peu mécanique des types mélodiques et de leurs successions, par 4, 8, 12, 16 mesures, — et le grand effort qu’il fît plus tard, dans sa maturité, pour échapper à la prison des césures et des limites de strophes, en tâchant de constituer des mélodies « infinies » (Cavaiine du quatuor op. 130). C’est aussi l’explication (l’une des explications) des thèmes de fugues, auxquels il eut recours, à la mèmeépoque. — Sans q’inl soit jamais oap-