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LES GRANDES ÉPOQUES CRÉATRICES

Mais ce sont les deux morceaux suivants qui font le charme principal de l’œuvre ; et ce sont eux qui ont exigé le plus de temps et d’efforts. Heureux labeur qui, chez Beethoven, a toujours pour fruit les inspirations les plus printanières, et jurerait-on, les plus spontanées ! On voit ici combien l’intelligence de Beethoven était, en art, maîtresse de sa sensibilité, — son grand goût, son contrôle infaillible, et ce pouvoir de sacrifice, qui n’hésite pas à renoncer à une partie d’œuvre faite et bien faite, si l’équilibre de l’ensemble en risquerait d’être compromis. Car il avait écrit, pour cette sonate, un long Andante qu’il aimait 1. 1. Le bel Andanlo grazioso con moto, en fa majeur, qui ne porta pas de numéro d’œuvre, et parut séparément, en mai 1806 : (On le trouvera dans le recueil des Klcincre Stücke fur das Pianoforle, Breitkopf.)

Cette œuvre, (dont l’iDterprète fera bien de se rappeler le rôle primitif, qui lui était attribué, au cœur de la sonate, op. 53) est d’une délicatesse de touche, qui devrait lui valoir d’être plus connue. C’est une exquise peinture, un peu perdue dans un cadre trop large ; sa rêveuse langueur montre encore, à cette date, la jeunesse du cœur de Beethoven. Mais le second motif, trois fois répété, annonce par son