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LES GRANDES ÉPOQUES CRÉATRICES

Andante con moto de ]a Symphonie Pastorale, ses racines qui baignaient dans le ruisseau ; elle s’était évadée du paysage, et, renfermée en soi, elle avait rabattu sur soi lus volets de son horizon. Le pire défaut n’était pas qu’elle occupât trop de place, mais qu’elle ne fût pas à sa place. Beethoven l’élimina. Entre les deux vastes tableaux de l’allegro initial et du rondo qui déborde le cadre habituel, — dans ces étendues ensoleillées, — il suffisait de l’ombre d’un nuage sur la plaine, de quelques touches de songerie. Point de bavardage du moi avec soi-mcme ! Le moi est bu par la nature…

Et Beethoven en arriva à concevoir YIntroduzione, Adagio molto, qui forme le cœur de sa sonate — après que sa sonate entière était esquissée. Cette demi-page immortelle est, pour moi, d’une limpidité parfaite. Elle exprime l’état d’âme de Beethoven, dans la paix des champs. Le rythme du premier motif paraît inspiré du Wachtelschlag (cri de la caille) :

Le motif d’âme reprend ensuite celui de l’oiseau, et en tire une tout autre signification :