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BEETHOVEN

S’il eût été de tempérament romantique, comme on l’a dit faussement x, il eût accentué la tendance marquée par les œuvTes piécédentes, en distendant le bouquet et y faisant entrer toutes les fleurs des champs et de la fantaisie. Mais les œuvres précédentes ne sont, pour lui, que des moyens de perfectionnement. Et son but est ailleurs. Il ne Ta jamais perdu de vue. C’est, avant tout, Y Unité. Pour son caractère « entier », pour sa nature concentrée, elle est Y alpha et Y oméga. Mais il veut l’unité vivante, celle qui vient du dedans, du cœur de l’organisme. Et que cet organisme soit, dans toutes scs parties, vivant, le plus vivant, ainsi que cette unité, qui est son principe, son milieu, et sa fin ! 11 lui faut réaliser enfin ce qu’il cherche depuis le début de sa carrière, Téquililve absolu de l’idée et de la forme, de la rigueur du plan et de la chaude souplesse de tous les détails, de l’élément pas sionnel et de l’élément architectural. Maintenant qu’il s’est exercé dans la pratique de l’un et l’expression de l’autre, avec une inlassable énergie, jusqu’à la perfection, l’heure est venue d’opérer dans sa forge la fusion souveraine du moi héroïque et de l’œuvre absolue. Il veut créer, il crée, comme les grands sculpteurs grecs et les maîtres d’œuvre gothiques, un nouveau canon des nombres et des proportions parfaits, un nouvel ordre classique. Il écrit Y Appassionata. 11. En tout cas pour la maturité de sa création (1800-1810), qui est nettement classique. Pour les périodes suivantes, nous examinerons de près la question. Nul doute que sa nature et son art ne se soient profondément transformés.