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LES GRANDES ÉPOQUES CRÉATRICES

s’il plaît au génie. Car le génie musical écrira toujours, avec ou sans programme, de la musique belle et bien faite. »

Mais, dans le cas présent, pourquoi crgotcz-vous, quand Beethoven a parlé ? Ce qu’il vous dit ne vous agrée point ? •— C’est tant pis ! (pour lui, ou pour vous) ; mais vous n’avez pas le droit d’escamoter ses paroles, en arguant de l’inexactitude ou de l’inintelligence du narrateur. La loyauté de Schindler et sa véracité sont démontrées 1, malgré quelques err urs, qui toutes portent sur des faits dont il n’a pas été témoin et sur des paroles qu’il n’a pas entendues. Ici, il et témoin, il entend, et il note. Expliquez le mot de Beethoven, mais il vous faut l’accepter !

Il ne s’agit pas, bien entendu, de rechercher les scènes ou les personnages de la Tempête, qui peuvent avoir inspiré tel ou tel morceau. Ce serait un jeu puéril. Une grande construction musicale, qui vaut par soi-même, n’est pas une vignette au service d’un livre : plus que tout autre, le fier Beethoven eût revendiqué l’indépendance de la musique en face des autres arts 2. En admettant qu’il y ait eu, non 11. Reinhold Zimmermann vient de lui consacrer un bel article d’hommage : — Anton Schindler : ein Lehen fur Beethoven — dans le Beethoven-Almanach der Deulschen Musikbüchcrei auf das Jahr 1927 (Gustav Bosse Verlag, Rcgensburg). Il montre que Schindler, si souvent attaqué ou raillé, dans son temps, a fini par avoir raison des autres biographes de Beethoven, ses rivaux, — aux yeux de la science critique moderne.

il 1 a revendiquée ; il a posé les limites de la musique et des autres arts, autant qu’il le pouvait dans la langue littéraire, qui lui était difficile à manier. Ecrivant à "Wilhelm Gerhard de Leipzig, le