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LES GRANDES ÉPOQUES CRÉATRICES

soumission et reconnaissance. 11 lui faut refouler son tempérament symphonique, toujours prêt à s’épancher en développements torrentiels ; il lui faut violenter sa nature qui, en cette heure fiévreuse de parturition, est pareille au Chaos contenant les germes de toutes les vies, avant la Création. L’Esprit ne parviendra à les organiser qu’au prix de mêlées terribles, où le Livre cf Esquisses nous permet de jeter un regard. On dirait cet âge monstrueux, que décrit Empédocle, où des formes éparses tâtonnent dans la nuit, se cherchent, s’agglutinent, par morceaux disparates, en monstres qui longtemps restent incapables de vivre, jusqu’au jour où se rencontrent enfin ceux qui sont faits pour s’unir. Mais ici, la rencontre est le fruit, non d’un destin aveugle, mais d’une volonté acharnée, comme il n’en fut peut-être jamais une seconde sur ce dur champ de labour, dont les profanes ne voient que les moissons engrangées. Je renvoie les curieux aux publications de Nottebohm, de Otto Jahn, sur le Skizzenbuch, et aux pages qui lui sont consacrées dans le tome II de Thayer. Rien ne peut donner une idée de ce travail inouï. Un bout d’air, un début, a été écrit dix-huit fois, de dix-iiuit fois différentes. Un cri a nécessité des études innombrables. Et ce qui suffoque, c’est le désordre invraisemblable dans lequel se présentent ces « repeints » —- (non ! chaque morceau mal venu est définitivement rejeté) •— ces successions d’ébauches, accumulées. Pour vingt-deux lignes de musique vocale Q seize 11. Scène n° 7. Arrivée de Pizarro. Dialogue entre Marceline Léo uere, Kocco,