Page:Rolland - Beethoven, 1.djvu/283

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
248
BEETHOVEN

243

ceux de Beethoven, etc... Enfin, faut-il rappeler que l’idée de la foudroyante fanfare des trompettes, dans les ouvertures de Leonore n03 2 et 3, est issue d’une ouverture de Mchul, Hélène !

Mais c’est là qu’on voit, plus que jamais, le magique pouvoir du génie. Ce n’est rien d’avoir des idées. Il faut les réaliser. Et à la réalisation ne suffisent plus l’intelligence, le sens excellent de l’art, l’habileté de la forme, — quoique nécessaires toujours : — ce n’est que le portique. Entrez dans l’édifice, et élevez la voûte !... Chacune des indications, remarquables, de Méhul ou de Cherubmi, est l’amorce d’une route ; aux premiers pas, ils s’arrêtent. Beethoven s’y enfonce. La passion ne s’indique pas ; il faut, l’épouser toute ! Cherubini recule : il est trop intelligent pour ignorer ce qu’il néglige de prendre ; mais il se méfie de ses forces, et il s’écarte de la belle. Il se contente d’en dessiner un noble portrait intellectuel. Le sang manque à ses thèmes, ses mélodies sont abstraites ; il a bien établi les règles du jeu ; mais il ne s’y risque pas. Beethoven s’y jette tout entier. Et cet enfer de l’âme — passions, combats, souffrances, —■ que les musiciens de la Révolution, certes, ont bien connu, mais où ils ne sont pas pressés de rentrer, Beethoven, sur leurs traces, y pénètre, et les laissant au seuil, il descend jusqu’au fond.