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BEETHOVEN

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main. Ils liraient, sur une seule page 1. entre les portées, sept fois, récrit au crayon :

« sempre piu piano ppmo s

et encore au-dessus, — et encore au-dessous de la page,

— d’une grosse écriture appuyée, la même injonction : « sempre piu piano ppmo s.

Quand j’arriverai à l’analyse des œuvres de la fin, je relèverai les omissions dont, trop souvent, se sent rendus coupables les éditeurs des dernières sonates, où les //. avaient été ménagés avec une extrême discrétion. Les « grosses notes » sont aussi choquantes, dans l’exécution de Leonore, que les grosses maritornes vociférantes, dans les chausses de Fidelio. On oublie trop, et il est urgent de le rappeler, que Beethoven est, aussi bien que de l’énergie et des puissants effets dynamiques, un maître de la demiteinte et du clair-obscur. Si ses pleines lumières éclatent et brûlent, comme dans la péroraison, que nous verrons plus loin, de Leonore, c’est justement en raison de la stricte économie qu’il fait de son soleil, pendant la plus grande partie de l’œuvre.

Nous en avons ici le plus frappant exemple dramatique. Au long recueillement des trois premières scènes de la prison. où la douleur s’enveloppe d’ombre et s expiime à mivoix, succède sans transition la furie de Pizarre, qui se rue sur sa victime. Mais encore ici, combien les fureurs de 1. QuarleLio du premier acte.