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BEETHOVEN

que les choryphées du Peuple. Ce n’est plus l’aventure d’un couple humain que l’on chante. C’est la Liberté et l’Amour... Une immense symphonie avec chœurs, qui n’a de comparable dans la musique entière, que la dernière partie de la Neuvième, — mais, j’ose dire, plus belle, plus parfaite, débordante de jeunesse, rayonnante de bonheur : — car elle est le puissant rameau fleuri de l’arbre de la ie, à l’heure de la pleine sève, à l’apogée de l’An.

OOUU11VI } Ll-L XUi i. Vy O XX1.XJ • U/ • mi.1V J. A LA j^M-4,0 VU uv vuwvvwnvUi# A coup sûr, ce ne fut point Wagner et sa postérité. Wagner est une bouture de la symphonie de Beethoven, non de sa tragédie avec chœurs. Il ne pouvait bien la comprendre j il était trop encombré de métaphysique et marqué de ce gigantisme de la pensée, qui a sévi sur l’Allemagne en croissance du xixe siècle — cet adolescent qui a poussé trop vite, disproportionné, de longs bras, de longues jambes, un sexe et un cerveau, peu de cœur, ou dévergondé... La grande et classique humanité de Leonore, — inaugurée dans Y Alceste et l’Orphée de Gluck, ainsi que dans quelques scènes de Mozart, — reste comme un monument de la meilleure Europe, qu’au seuil du siècle xix avaient, entrevue Goethe et Beethoven, — et que cent ans de tourmentes n’ont pas, depuis, permis de réaliser.