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LES GRANDES ÉPOQUES CRÉATRICES

l’exécution de l’ouverture n° 3 après la scène de la prison, — sans compter qu’elle rassasie l’oreille d’un festin d ut majeur, avant l’orgie en ut majeur du finale 1. J’en eusse pensé autant, avant d’en avoir fait l’expérience directe. Mais depuis qu’aux représentations du Centenaire, à Vienne, j’ai, avec toute une salle, subi l’effet souverain de la sympho-* nie n° 3, s’ouvrant, arc triomphal, entre le duo d’amour dans la prison et l’apothéose chorale et populaire, au grand soleil, de la fin, — je me suis incliné sous la voûte de cette Sixtine sonore, et j’ai compris la géniale pensée de Beethoven. Cette ouverture, h cette place, révèle le vrai drame que Beethoven a voulu écrire, a écrit malgré son temps. Du premier au second acte, nous l’avons vu monter do la comédie bourgeoise du xvme siècle à la grande tragédie musicale, telle que Gluck l’avait conçue, •— mais en osant la libérer de ses draperies antiques, dont la noble convention fausse ses mouvements. Nous l’avons vu dépasser môme, par instants, les limites du sujet et du personnage tragique — du Florestan enchaîné ■— pour atteindre aux profondeurs de la Solitude, commune aux âmes des vivants. Cependant, le drame le tient lié, jusqu’à la fin de Pacte de la prison ; il en épuise toutes les rivières de douleur, de haine, de fureur et d’amour. Au duo, le drame est fini.

Al ors. s’ajoute à la tragédie la création vraiment beethov

  • nienne : la conclusion lyrique, l’Ode universelle : — la

$ mphonie n° 3 et la scène chorale. — Leonore, Florestan, disparaissent. Ils ne seront plus dans l’apothéose finale, que 1. Zijx Dramaturgie des Fidelio, 1924.