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BEETHOVEN

tament 1. C’était peu d’être privé de îa société des humains ! Mais que la voix de sa meilleure amie, la Nature, lui fût retirée, il en tomba dans le désespoir. Peu s’en fallut, dit-il, qu’il ne se suicidât. Grâce à Dieu, l’énergie créatrice était trop impérieuse en lui ! A cette heure même de la pire détresse, elle débordait. Ce fut elle, elle seule ■— il le dit —• qui le retint à la vie 1 2. N’oublions pas que c’était à ce moment précis que le démon de la Symphonie Héroïque lui criait ; — « Marche !... » Magnifique exemple de la toute-puissance de l’esprit, qui — tel l’apôtre Pierre marchant sur les eaux — porte le corps sur l’abîme ! Quatre ans encore, Beethoven se raidira dans la négation orgueilleuse de son infirmité, devant le monde. Et ses amis doivent prendre bien garde à ne pas lui laisser voir qu’ils l’ont remarquée, car il se met en fureur. Jusqu’à ce qu’enfm, vaincu, plus grand encore par sa défaite, il écrive, en 1806, sur une feuille d’esquisses du finale du troisième quatuor Rasoumoffsky (op. 59, n° 3) :

— « Que ta surdité ne soit plus un secret, même en art ! 3 9 1. «... Aber welche Demütigung, wenn jemand neben mir siund und von weilem eine Flore hôrte und ich nichts hôrte, oder jemand den Hirten singen hôrte und ich auch nichts hôrte. Solclie Ereignisse bracliten mich nahe an Verzweiflung ; es fehlte wenig und ich endigte selbst rnein Leben.. »

2. « Nur sie, die Kunst, sie hielt mich zurüch. Ach, es diXnkte mir unmôglich, die Welt eher zu verlassen, bis ich das ailes hervorgebracht, wozu ich mich aufgelegt jühlle, und so frisiete ich dieses elende Leben, wahrhajt elend... »

3. « Kein Geheimnis sei dein Nichthôren mehr, auch hei der Kunst ! s