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BEETHOVEN

t>ou£ le dites si bien. Voire comparaison avec le yoga de l Inde me parait très exacte... »

La conclusion à laquelle on se trouverait, en ce cas, amené, par la force des faits, serait celle-ci, bien autrement tragique que tout ce que cette glorieuse infortune a inspiré à l’imagination et à la pitié : — la cause de cette infortune était dans Beethoven, elle était Beethoven même ! C’est son destin, c’est lui, comme un Œdipe, qui fit la catastrophe. Elle était, dès le début, inscrite dans sa nature, comme une loi de son génie.

Le génie de Beethoven (je devrais dire son « démon ») a fait sa surdité. La surdité, à son tour, n’a-t-elle pas fait le génie ? Ou n’y a-t-elle point aidé ? Ceci est la contre-partie de la question ; et le Dr Marage l’a aussi nettement posée, •— sans la résoudre. Car la réponse (s’il en est une), ne peut être donnée sans le concours des musiciens. Mais ceux-ci, à leur tour, doivent prendre conseil des données du médecin.

Le fait important, ici, n’est pas tant la surdité que les bourdonnements :

« Si Beethoven avait été atteint d’otite scléreuse, écrit le Dr Marage, c’est-à-dire s’il avait été plongé dans le noir acoustique, intus et extra, à partir de 1801, il est probable, pour ne pas dire certain, qu’il n aurait écrit aucune de ses