Page:Rolland - Beethoven, 1.djvu/362

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
325
LES GRANDES ÉPOQUES CRÉATRICES

Celle qui domine tout le groupe, Thérèse, n’atteindra au rôle éminent qu’elle garde devant l’avenir, que dans une période de la vie de Beethoven, postérieure aux années que nous étudions ici. Ce n’est qu’aux approches de sa trente-cinquième année, après de dures épreuves, avouées tère, de l’intelligence et de la vie de Thérèse de Brunsvik. L’ironie a beau jeu avec les héros de l’esprit et les saints. Mais l’ironie n’est pas de mi ?e.

Qui veut vraiment connaître Thérèse de Brunsvik doit aller droit aux documents de première main, à ses propres écrits. Ils sont de deux espèces :

1° Les Mémoires, écrits par elle, en 1846, continués en 1852, interrompus en 1855, (c’est-à-dire quand elle avait déjà de soixante-dix à quatre-vingts ans). Ils sont d’une fraîcheur de souvenirs étonnante pour ce haut âge ; et certaines pages ont un charme d’impressions délicieux. Mais il va de soi que l’on ne saurait se fier entièrement à l’exactitude de toutes les dates ; la mémoire a pu broncher ; et le récit va et vient avec un certain désordre qui s’explique par l’incroyable activité et les tâches multiples que Thérèse porta jusqu’au bout sans plier. Ces Mémoires avaient été publiés intégralement par La Mara, (et c’est son principal mérite, dans son premier livre de 1909. Malheureusement, quand l’auteur, abandonnant la thèse qu’elle y soutenait, publia son second livre de 1920, elle n’y reproduisit plus les Mémoires. Or, ce second livre a si bien fait tort au premier que celui-ci, non réimprimé, est devenu introuvable. Une publication, à part, des Mémoires de Thérèse, s’impose aujourd’hui, en Francs comme en Allemagne.

2° Beaucoup plus important, mais encore plus inaccessible, est le Journal intime de Thérèse, resté jusqu’à ce jour inédit. Il appartient a la baronne Irène de Gcrando, née comtesse Teleki, dernière héritière du sang et des souvenirs de la famille Brunsvik. Thérèse a rédigé ce journal, d’une façon suivie, depuis 1809-1810 jusque vers 1853. il est loin encore de livrer toute la vie intime et surtout les événements de cette vie ; mais il fait pénétrer au plus profond de cette âme religieuse : dans le sanctuaire de sa foi, de ses doutes, d«