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LES GRANDES ÉPOQUES CRÉATRICES

Un mois plus tard, « cela devient un peu dangereux l. » Le 21 décembre, Charlotte écrit à Franz : « Beethoven est presque chaque jour chez nous, il donne à « Pipschen » des leçons, — vous m entendez, mon cœur !... 1 2 » Au début de janvier 1805, même note soulignée : « Presque chaque jour, il vient, et il est infiniment aimable (unendlich liebenswürdig). U a composé un lied pour Pepi. » Mais Pepi demande qu’on ne le montre h personne : c’est un secret !

Le 20 janvier, Thérèse ne cache plus son appréhension :

•— « Mais, dis-moi, Pepi et Beethoven, quen doit-il advenir ?

(was soll daraus werden ?) Il faut quelle soit soji propre

gardien. (Sie soll auf ilirer Hut sein !) Je crois que c’est à son intention que tu as souligné} dans la partition que tu m’envoies, les mots : « Ihr Herz muss die Kraft haben nein zu sagen. » («-Votre cœur doit avoir la force de dire non. d) Un triste devoir, si ce n est pas le plus triste de tous !... » On ne peut être plus explicite. Quant à savoir pourquoi Thérèse et Charlotte jugeaient l’union impossible, il n’est pas besoin de chercher loin les motifs : ils abondaient. Le 1. « Beethoven vient très souvent... C’est un peu dangereux, je te l’avoue... (Das ist et was geîàhrlich, gestelie ich dir...) » (19 décembre).

— Déjà à la fin du mois précédent, Thérèse, absente de Vienne, mais avertie par Charlotte, écrivait, avec précautions, à Pepi, de ne pas tant faire de musique, à cause de sa santé. Et l’on voit par le passage cité d’une lettre de Charlotte, qu’elle avait exprimé à celle ci ses appréhensions.

2. En français dans le texte.