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BEETHOVEN

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c’est pendant l’hiver que son assiduité devient si vive et si ardente qu’elle inquiète les sœurs de Pepi ; et Ton se préoccupe, non pas d’y mettre un terme — (car chacun l’aime dans la famille Brunsvik) — mais certaines limites. Le danger n’est pas seulement dans l’exaltation de Beethoven, que les Brunsvik connaissent, mais dans la faiblesse de Pepi, qui (on le voit par la suite) était de celles qui sont victimes, moins de leur propre cœur, que de celui des antres : car elles ne savent pas dire non. Il est aisé de suivre, par les lettres de Charlotte à Thérèse et à Franz, en novembre-décembre 1804 1, ce roman amoureux :

« Beethoven est extraordinairement aimable (aeusserst liebenswürdig), il vient tous les deux jours, il reste avec Pepi pendant des heures » (20 novembre). Pepi est la première à connaître ses pensées les plus secrètes, la première à laquelle il joue « plusieurs magnifiques morceaux » de l’opéra qu’il compose. Et il n’est pas indifférent pour nous d’apprendre que cette image féminine était associée aux premières inspirations de Leonore.

aussieht), et qui nous a promis de venir. Il ne veut pas voyager cet été, et peut-ftre, il habitera à Hülleldorf, de sorte que nous serons 1res proches. » Il est à remarquer que les nouvelles données par Thérèse, Charlotte et Pepi, sur l’état moral et la santé de Beethoven, en cette année (l’été de 1 ’Appassionatà), ne concordent pas du tout avec celles écrites par son fidèle compagnon Breuning. Tandis que celui-ci est inquiet do la fièvre nerveuse et de l’humeur sombre qui le rongent, Beethoven ne se montre aux trois sœurs que riant et rayonnant. — Mais peut-être ce sont elles qui lui apportent le soleil. 1. Cf. La Mara.