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LES GRANDES ÉPOQUES CRÉATRICES

tage !) — par les surprises de la vie. Ils n’imaginent pas que le Beethoven d’après 1810 ait pu être un autre homme que celui de 1800. Et pas davantage, la Thérèse d’avant 1809 n’était celle du Journal écrit par elle, passé la trentecinquième année. La vie est une rude école. E’t la pauvre Thérèse a subi, comme Beethoven, de douloureuses épreuves, avant d’en arriver, comme lui, au repliement religieux sur soi et à la virile « Ergebenheit »…

— « Résignation !… O dur combat !… 1 » soupire Beethoven.

Et Thérèse :

— « Souffre et renonce ! % »

Les notes intimes de Thérèse, qu’il nous a été donné de connaître, déchirent enfin les voiles qui recouvraient le <i dur combat » du cœur et la crise — (ou, plus exactement, la succession de crises) — qui la transforma tout entière. La première révélation que nous apporte le Journal intime, (dont je ne me permettrai de parler qu’avec une discrétion extrême, pour respecter le vœu de ceux qui en sont les dépositaires 3), c’est l’admirable sincérité de cette 1 2 31. « Ergebenheit, innigste Ergebenheit in dein Schicksal !… O harler Karnpl !… i ( Journal de Beethoven, en 1812). 2. « Dulde und enlbehrel » (Journal de Thérèse, vers la même époque ).

3. J’ajoute que, par ses dates, ce Journal sort des cadres de notre présent volume. A part quelques feuilles détachées, il n’est vraiment régulier et suivi qu’à partir du printemps 1809, — époque où, se trouvant sous l’influence de grandes impressions morales (six mois avant le uéjour chez Pestalozzi) et de douloureuses crises intimes, Thérèse eut une véritable « illuminai ion ». J’y reviens, un peu plus loin.