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BEETHOVEN

âme. Bien des hommes, Lien des femmes, de la France et de l’Allemagne de l’ancien temps, ont su se regarder dans le miroir et se décrire intrépidement. Mais il est rare que l’amour-propre n’y trouve pas son compte ; et l’on n’avoue certains vilains traits que pour s’enorgueillir de sa confession publique, comme ]’Impénitent de Genève ; — ou bien, à la façon de ces coquettes du xvne et du xvme siècles, on s’arrange pour que les défauts fassent mouche sur le visage et que les ombres du portrait le rendent plus piquant. Rien de pareil chez Thérèse. Elle n’écrit pas pour le public, ni pour sa vanité ; elle fait sa confession, au sens propre, son examen de conscience religieux 1 ; et elle ne s’épargne

1. Certaines des plus émouvantes « Réflexions sur moi-même t, (qui ouvrent son Journal), ont été écrites à Pise, pendant un triste voyage où elle était tout à fait isolée, abandonnée par ceux qu’elle aimait : dans sa chambre d’hôtel, elle n’avait d’antre compagnie que le tic-tac de sa petite montre... « Ich erinnere mich noch in Pisa, dass ich so allein gelassen wurde, dass mich der Gang meiner hleinen Uhr als das ein einzige Mobile erquickle, das mich umgab... » C’est le 12 avril 1809, mercredi de Quasimodo. Quinze jours avant, à Florence, le Mercredi Saint, elle avait eu cette illumination sacrée, dont elle no nous livre pas exactement le secret (a), mais dont la vibration profonde persista, toute sa vie, — au point que le Mercredi resta toujours pour elle un jour saint et qu’elle le consacre désormais à la concentration en Dieu : « certains de scs Cahiers sont réservés uniquement à son « Heiligen Millwoch #). On revit avec elle l’atmosphère de ces jours, les cloches de Florence, le deuil sacré des églises, cette contagion de regrets, de souvenirs nostalgiques et de recueillement... Mercredi Saint... Du fond des cœurs chrétiens remontent, avec les larmes qu’evoquo la Passion, toute la mélancolie des fautes qu’on a commises, les meurtrissures de la vie. Les cœurs vraiment chrétiens ne songent pas à les atténuer, bien moins encore à s’en faire une parure. Ils disent leur