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BEETHOVEN

du peuple, et tout autant de l’aristocratie, et jusque des braves gens qui l’aiment et qui l’admirent, mépris de tous les hommes, qui est terrible, au fond, et qu’il n’a jamais réussi à éliminer tout à fait. Encore en 1825 :

« Notre époque a besoin, dit-il, de puissants esprits qui fouaillent ces misérables, hargneuses, sournoises, gueuses d’âmes humaines[1] ».

Dans une lettre de 1801 à son intime Amenda, il a ce mot insultant, à propos d’un homme qui lui restera fidèle jusqu’au dernier souffle, qui se fera porter malade, dans une maison voisine de l’agonie de Beethoven, pour prendre sa part des affres des derniers jours[2] :

— « Je les taxe (taxire), lui et ceux de son espèce, seulement d’après ce qu’ils me fournissent. Je les regarde comme de simples instruments, dont je joue quand il me plaît. »

Cette forfanterie de cynisme, dont il fait étalage devant le plus religieux de ses amis, il l’étalera plus d’une fois dans sa vie, et ses ennemis s’en serviront. Vers 1825, quand Holz entrera en rapports avec lui, l’éditeur Steiner lui fera dire qu’il est bien bon de s’employer pour Beethoven ! Beethoven le rejettera, après s’en être servi, comme il fait de tous ses famuli… Et Holz ira le répéter à Beethoven.

À de telles imputations donne le démenti, dans tout âge de sa vie, le torrent de sa chaude humanité[3]. Mais il faut

1. « Unser Zeitalter bedarf krâjtiger Geiste ? die diese kleinsüchiigcn hcimlückischen elenden Schuften von Menschenseelen geisseln ».

2. Zmeskall.

3. « Jamais depuis mon enfance ne s’est relâché mon zcle à servir la pauvre humanité souffrante (avmen leidoudeo Measchheit).,. Jamais

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