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LES GRANDES ÉPOQUES CRÉATRICES

Au cours de l’année 1808, tout va changer : aussi bien la vie de Joséphine que celle de Thérèse et la route de sa pensée. Pendant l’été, Joséphine viendra prendre sa sœur à Karlsbad. pour l’emmener en Suisse. Elles vont visiter Pesta)ozzi à Yverdon. Joséphine se préoccupe de l’éducation de ses enfants. Mais c’est Thérèse qui reçoit le rayonnement moral de l’apôtre, — « du petit homme indiciblement laid (c’est elle-même qui parle), mais d’une bonté céleste, d’une gigantesque énergie, qui dominait de loin tout ce qui est vulgaire... » Pestai ozzi allume en elle l’étincelle de la divine flamme1, qui après avoir couvé encore quelques années, la brûlera tout entière : le génie passionné des œuvres d’assistance bre 1921 : Cf. catalogue d’autographes Léo Liepmannssohn, n° 47), et qui est de l’été 1808 (non pas 1807, comme l’indique, par erreur, le catalogue), Thérèse dit : « Beethoven sah ich die lelzten Tage sehr viel... » (J’ai vu Beethoven très souvent ces derniers fours... ») Et parlant d’un portrait, que vient de faire de lui un certain Neigart, elle demande qu’on envoie le portrait à Pepi. — De même, en mars 1807, quand la jeune sœur Charlotte voit un enfant dont le regard et l’expression la font songer à Beethoven, le première pensée qui lui vient est : « Comme je voudrais que Pepi l’eût vu ! » 1. « Da übertrug er sein Feuer der Liebe in meinen Geist !... » (« C’est là, (à Yverdon), qu’il a transmis son leu d’amour dans mon esprit... ») « Dort lernte ich kennen, was mein Geist bedurfte : Wirkung au/ daa Volk. Das Wort war gefunden. Von da an hôrie aile egoistische Selbstbildung au/ ; dem Vaterland weihien wir aus als Erzieherinnen seiner Massen. Ihnen Kràfte, Zeit, dem künftigen Geschlechte Liebe !. . » (Là j’ai appris à connaître ce dont mon esprit avait besoin : # l’action sur le peuple u. Le mot était trouvé ! A partir de cet instant cessa toute préoccupation de culture de soi, égoïste. Nous nous vouâmes à la patrie, comme éducatrices des masses. A elles, nos forces, notre temps ! Notre amour aux générations à venir i ») (Mémoires),