Page:Rolland - Beethoven, 1.djvu/67

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
55
LES GRANDES ÉPOQUES CRÉATRICES

autant emporte le vent… (Mais ie vent, nous l’entendons passer, brûlant et furieux, dans le presto agitato final du « Clair de Lune s !…)

Ces années 17S9-1801 voient l’intimité commençante avec les deux familles apparentées, Brunsvik et Guicciardi[1]. 11 aima les trois cousines, Tesi (Thérèse), Pepi (Joséphine) et Giulietta (vingt-cinq, vingt-et-un, et seize ans), tour à tour, tout ensemble. Et son sentiment est partagé, autant qu’il peut l’être en ces têtes légères, enivrées de leur printemps, — par la belle et coquette Giulietta, par la fascinante Joséphine, tendre et fière (celle des trois, en ce temps, qui l’a le plus vraiment aimé), par la sérieuse (pas si sérieuse alors !) Thérèse Brunsvik, si longtemps incertaine et tourmentée. Giuiiçtta l’emporte sur ses rivales ; elle déchaîne en Beethoven un orage de passion. Ce n’est pourtant pas à elle que s’adresse la lettre (écrite onze ans plus tard)[2] « à l’Immortelle Aimée ». Mais elle est, en novembre 1801, « la chère fille, l’enchanteresse » (« ein liebes, zauberisches Mâdchen »), qui a pris le cœur de Beethoven, et dont il se croit aimé 3.

1. Les Brunsvik, dès ie printemps 1799. Depuis Tété 1800, Giuiietta Cniroiardi. Je renvoie le lecteur au long chapitre (Note III), à la fin du volume, sur Les deux sœurs Joséphine et Thérèse Brunsvik. démonstration paraît faite aujourd’hui que cette lettre fameuse date de 1812, à une époque où il n’était plus question, pour Beethoven, de Giulietta. (Cf. mon article sur la Lettre à VImmortelle Aimée, dans la Revue Musicale, octobre 1927). J’y reviendrai, en étudiant cette époque de Tepütz, qui vit naître la Symphonie en la. 3. « Die mich liebt und die ich liebe » (Lettre de Beethoven à Wegeler, IG novembre 1801). L’idylle semble avoir duré, environ, de juin au début de l’hiver 1801 (Cf. Note III).

  1. 1
  2. 2